Être dans un bain chaud au Scandinave Spa, est votre moment préféré de l’expérience? Et les bains froids, qu’en pensez-vous?

Je ne crois pas être la seule à hésiter avant de me glisser dans les bains plus froids. Lorsque j’étais athlète, j’avais recours aux bains froids pour mieux récupérer et gérer les blessures. La motivation me venait plus facilement alors, étant donné que les bains m’aidaient à mieux performer.

C’est maintenant en tant qu’étudiante en psychologie que je revisite l’expérience des bains scandinaves et particulièrement, l’effet des bains froids. Explorons ensemble les liens entre l’hydrothérapie et la santé mentale pour trouver d’autres bonnes raisons de plonger dans l’eau froide!

Connaissez-vous Wim Hof, surnommé « l’homme de glace »? Cet athlète extrême du froid a établi plusieurs records Guinness, comme celui de rester presque deux heures dans un bassin rempli de glaçons ou encore, de gravir 7400 m du mont Everest…en shorts!

Il raconte qu’il a découvert les vertus de l’eau froide lorsque, souffrant de dépression, il eut soudainement l’inspiration de se jeter dans un lac en plein hiver. Il dit que cette action a transformé sa vie, en lui permettant de découvrir un niveau de bien-être extrême et d’élever sa forme physique et mentale de façon inégalée. Aujourd’hui, la méthode Wim Hof – une méthode qui combine une technique de respiration spécifique, la douche froide et la méditation – a de nombreux adeptes.

Un homme se relaxant dans l'un des bains froid du Scandinave Spa Mont-Tremblant.

Quelques pistes scientifiques intéressantes

Avez-vous entendu parler des bienfaits de la nage en eau libre dans l’eau froide?

Mis à part les exploits de Wim Hof, de nombreux articles relatent la découverte que la nage en eau libre dans l’eau froide a pu mener à des effets physiques ou psychologiques surprenants. Il a même été question d’individus ayant adoptés la natation en eau froide dans le but précis d’apaiser leurs symptômes de dépression ou d’anxiété.

En entamant mes recherches, j’ai découvert une étude de cas dans laquelle on observe une amélioration de l’humeur après chaque séance de natation en eau froide, ainsi qu’une diminution progressive et soutenue des symptômes de dépression (à raison de une à deux séances par semaine). Le sujet aurait connu une rémission telle qu’après quatre mois, les médicaments n’étaient plus nécessaires. Même un an plus tard.

D’ailleurs, dans cette étude, les chercheurs attribuent, entre autres, les effets positifs à l’immersion dans l’eau froide. Dans une deuxième étude, on observe la réponse du corps et du cerveau à une immersion d’une heure dans un bain froid. On remarque surtout dans la condition où la température est plus basse (14 °C), une diminution du cortisol, une hormone liée au stress, et une augmentation de la dopamine (un neurotransmetteur implique dans la sensation de plaisir) et de la sérotonine (un neurotransmetteur implique dans la régulation de nos émotions). Enfin, dans une autre recherche, le protocole suivant est étudié : douche d’eau froide de 2 à 3 minutes à 20 °C, précédée de 5 minutes d’adaptation graduelle de la température de l’eau. Les chercheurs concluent qu’une douche froide régulière pourrait être efficace pour soulager les symptômes dépressifs.

Un homme et une femme debout sous une douche d'eau froide du Scandinave Spa Mont-Tremblant.

Comprendre les mécanismes du corps humain

Découvrons ensemble quelques uns des mécanismes physiologiques qui pourraient être en lien avec les effets antidépresseur ou anti-anxieux de l’eau froide.

1-Le principe de l’hormèse :

Un principe souvent mis en lien avec cette exposition à l’eau froide est la loi de l’hormèse. L’hormèse est une réponse adaptive bénéfique du corps qui est induite lorsque l’organisme est soumis à un niveau de stress modéré. C’est-à-dire un niveau auquel le corps peut s’adapter et qui induit une réponse bénéfique. Ainsi, tout comme l’exercice physique peut être un stress qui stimule le corps, la variation de température le serait aussi et cela pourrait avoir un effet sur le bien-être psychologique.

2-L’habituation au stresseur et adaptation croisée :

Certains chercheurs avancent que l’effet positif de l’eau froide sur le cerveau pourrait être due au fait qu’en exposant le corps à un stresseur (ici le froid) de façon répétée, le corps apprend progressivement à mieux réagir à ce stress. On suppose aussi que cette adaptation soit ensuite généralisable à d’autres stresseurs. On parle alors d’une adaptation croisée. Selon cette hypothèse, on pourrait envisager que le bain d’eau froide soit une méthode qui pourrait permettre de développer sa résilience au stress.

3-Stimulation des récepteurs sensoriels de la peau :

Un autre mécanisme hypothétique est qu’étant donné l’abondance des récepteurs sensoriels au niveau de la peau, la stimulation par l’eau froide de ceux-ci, en créant une afférence sensitive massive vers le cerveau, agirait comme un mini électrochoc qui serait responsable de cet effet antidépresseur.

4-La réponse inflammatoire :

Chez certains patients souffrant de dépression, on observe une augmentation de marqueurs inflammatoires appelés cytokines. La libération des cytokines inhibe la production de sérotonine, ce qui peut induire des changements comportementaux incluant l’initiation de symptômes dépressifs. Le fait d’être en immersion dans l’eau froide pourrait contrecarrer ces effets.

Les secrets du corps humain

Je vous lance le défi de découvrir les bénéfices des bains froids.  Selon les théories et anecdotes de Wim Hof et de ses millions d’adeptes, cela pourrait bien changer votre vie!

Magali Tisseyre, étudiante en psychologie et ancienne triathlète professionnelle canadienne.

* Prendre note qu’il est mieux d’entreprendre un programme d’immersion à l’eau froide de façon progressive, comme pour un nouveau programme d’activité physique, par exemple. Si vous avez des doutes concernant votre état de santé, demander l’avis de votre médecin.

Quelques suggestions de lecture:

https://www.lapresse.ca/societe/sante/2020-03-23/s-immerger-dans-l-eau-glacee-au-nom-du-bien-etre
https://www.lapresse.ca/vivre/sante/201805/01/01-5168660-sur-les-traces-de-lhomme-de-glace.php

Références:

Open water swimming, as a treatment for major depressive disorder
Christoffer Van Tulleken et collaborateurs ( Michael Tipton, Heather Massey, C Mark Harper), 2018.

Adapted cold shower as a potential treatment for depression
Nikolai A. Shevnuck, 2008